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jeudi 24 mars 2011

Retour sur la Soirée Jazz et Opéra d'hier au Centre Chaplin



uKanDanZ et la Maîtrise de Loire, tout ce qu’on aime :
La spontanéité et le pétillant d’Asnake Guebreyes au chant, qui bouscule notre oreille trop sage ;
Le mordant de Lionel Martin au saxo, qu’on garderait bien avec nous pour faire la fête ;
La touche de perfection de la batterie, avec Guilhem Meier, qui n’en fait jamais trop ;
Damien Cluzel à la guitare qui mène, soutient la danz, et le fait bien ;
Frédéric Escoffier au clavier, qui est toujours là, et assure, par temps de swing, rock ou musiques plus traditionnelles ;
Quant aux 30 choristes, ils nous mettent la chair de poule, et accompagnent uKanDanZ avec une justesse digne de pro !
Dommage que la transe n’ait pas contaminée le public… concert et danses auraient fait une bien belle rencontre !

Lauriane A.

La musique de ce projet Ukandanz a fait du mélange sa recette, il aurait d’ailleurs très bien pu être programmé autant dans une soirée rock que jazz et opéra : on compte leurs influences parmi la musique traditionnelle éthiopienne tant par le chanteur Asnaqé Guèbrèyès que par les reprises traditionnelles réinterprétées par l’ensemble du groupe ; le rock qu’assure une batterie énergique et toute en puissance ainsi que certains riffs de guitare; une touche classique assurée par le chœur de la maîtrise de la Loire et bien sûr le jazz que représente au mieux le style « apiculturé » du saxophoniste. D’autres influences doivent certainement pouvoir se trouver…
Hormis cette explosion de couleurs musicales qui remplissent les oreilles, leur présence scénique forme également un sacré spectacle visuel. Ils manifestent une énergie incroyable : Asnaqé Guèbrèyès n’hésite pas à incorporer le rythme par des mouvements de danse éthiopienne qui consiste pour le profane à faire bouger les muscles pectoraux par des secousses impulsées des épaules. Le saxophoniste se balade également sur toute la scène, fait chavirer son sax de haut en bas et entre en interaction au hasard avec la danse du chanteur. Le chœur, loin de rester une armée de petits soldats, entre dans le jeu quand il se met en branle et saute en rythme pour accompagner les pulsations que lance le groupe.
Il en résulte une vraie fusion des genres qui fait naître une musique d’un style inclassable et assez neuf. La circonspection a pu se faire ressentir dans la salle justement parce qu’il ne devait certainement pas répondre aux attentes formulées par le public quant à l’intitulé Jazz et opéra. En dehors des perplexes, ils ont réussi à en enthousiasmer d’autres spectateurs qui n’hésitèrent pas à se lever pour aller danser devant la scène… ce qu’inspire indéniablement l’énergie de leur musique et des musiciens.
Une sacrée surprise !

La deuxième partie de soirée accueillait Enrico Rava et son quintet ainsi que le Quatuor Debussy. Si l’on peut se permettre, il ne s’est pas agi de la même formule de mélange : ce n’est pas celle de la fusion mais plutôt celle de la juxtaposition. Certes l’ensemble s’attaque au répertoire de la musique classique (Bizet, Puccini…) et en donne des arrangements originaux mais il n’est que de rares fois où l’ensemble des musiciens jouent ensemble. Le quatuor joue la partie classique et le quintet se cantonne aux parties jazz. Chacun reste chez soi, dans sa patrie musicale et les incursions chez l’une et l’autre sont limitées. Alternativement les uns se font spectateurs des autres. Heureusement les musiciens, chacun dans leur style, sont très bons. Le quatuor, à titre d’exemple, est arrivé à capturer le souffle de la salle à maintes reprises : tous suspendus aux coups d’archets, nous retenions nos respirations. Mais après leur brillante participation rien ne prenait la suite : le projet ressemble plus à un échange de ping pong qu’à un réel syncrétisme.
La présence scénique d’Enrico Rava n’est pas dans le partage et la communication immédiate avec le public, il reste assez distant, regarde peu la salle…il invite à un intimisme froid. Ce qui ferait revisiter les éternels clichés sur les transalpins ! Son jeu certes bien exécuté ne fait ressortir ni interprétation très personnelle (l’émotion est mise sous clé) ni une recherche de quelque chose d’un peu neuf. L’originalité tient seule à l’idée de départ consistant à mêler jazz et opéra, mais le rendu de cette fusion souhaitée ne prend pas et on tombe de nouveau dans des formes somme toute assez vues et revues.

Pauline B.

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