Cette année, le festival A Vaulx-Jazz s’ouvre à d’autres formes d’arts. En effet, en entrant au Centre Chaplin, vous pourrez découvrir, avant d’assister aux concerts, une expo de peintures située sur la terrasse. Ces peintures contemporaines ont été réalisées l’été dernier dans le cadre du festival Jazz à Vienne. Chaque artiste avait pour défi de réaliser pendant les soirs de concerts une toile en une heure. Le Centre Chaplin a pu obtenir ces toiles qui seront exposées durant les deux semaines de festival.
Ce soir, c'est le premier concert du festival à Vaulx Jazz 2011 au Centre Chaplin. Et par hasard, avant le spectacle, je me retrouve avec des amis sur la terrasse surplombant la salle, un verre à la main, entourée de peintures. "Elles ont été faites pendant le festival Jazz à Vienne. Les artistes avaient une heure pour peindre un tableau durant un concert". Ah.
Je ne suis pas une experte en peintures ou en art. Je ne sais pas vraiment quoi penser de la peinture contemporaine non plus. En regardant autour de moi, je me dis que comprendre la signification qu'a voulu donner l'artiste à ses toiles est assez difficile. Certaines de ces improvisations que j'ai sous les yeux me paraissent même carrément obscures. Tiens, j'arrive tout de même à distinguer un personnage sur celle-ci, ou une inscription sur celle-là. Mais je n'en reste pas là. Je veux moi aussi, comme les artistes qui les ont peintes, donner un sens à ces peintures. Dans la musique jazz ambiante qui précède le concert, j'improvise une interprétation de ces toiles. Je m'imagine sur les lieux au moment de leur confection. J'essaie de les interpréter, de les comprendre à l'aide de ma mise en situation : comme si moi aussi, j'étais présente à ce concert durant lequel elles ont été peintes.
Un peu comme Diderot dans ses Salons, je déambule, je regarde les tableaux, je les observe, je les analyse et j'essaie de leur trouver un sens. Tiens, on pourrait imaginer que les toiles illustrent la progression d'une mélodie. Celle-là, blanche, pourrait illustrer le moment qui précède le commencement de la musique : les ronds tracés, entrelacés, pourraient montrer l'attente, le piétinement des spectateurs qui "tournent en rond", et qui ne sortent pas de leur léthargie avant le début de la mélodie. Et puis, le concert commencerait, et la musique monterait petit à petit en puissance. Certaines toiles me paraissent plus violentes, plus dures. Comme si la musique s'emballait. Il y en a une, on dirait qu'elle représente une scène de guerre. En bas, un personnage semble regarder la scène. Ce personnage, c'est un peu moi, devant ces peintures : la mise en abyme est parfaite. Moi aussi, j'observe cette puissance non contenue, cette violence, mais contrairement au personnage, ma violence à moi est comprise dans les sons et les paroles. Et puis, la chanson évoluerait encore, et ce serait l'accalmie. La musique se ferait plus douce et moins violente. La quiétude, en quelque sorte. Les couleurs de la peinture qui semble représenter une ville et son reflet sont différentes. Elles m'apaisent. Le reflet de la musique sur l'eau pourrait être comparé au reflet de la musique sur le spectateur, et aux impressions que celle-ci lui transmet et lui fait ressentir. Finalement, à l'empreinte que la musique peut avoir sur le spectateur, au même titre que l'empreinte, la marque, que la ville a sur l'eau.
Cette signification, c'est moi qui la donne à l'oeuvre. Je fais vivre cette dernière avec mon interprétation, je lui donne un sens, qui peut être ne se retrouvera pas chez les autres personnes qui l'observeront. Finalement, je me rends compte qu'il ne faut pas que j'essaie de comprendre ce qu'a voulu faire l'artiste, mais plutôt que je réfléchisse, en d'autres termes que j'improvise, ma propre conception de la toile, avec mon état d'esprit lorsque je la regarde. On m'appelle, le concert commence.
Pauline D.
Cette toile représente le reflet des immeubles d’une ville qui se dessine dans l’eau. On a l’impression de voir une ville inversée comme si l’artiste voulait rappeler que le jazz prend naissance dans les coins les plus reculés, dans les bas-fonds et que c’est une musique qui renverse tous les codes. On passe des couleurs jaune-orange au rouge. Le jazz est « dans le rouge » et les couleurs chaudes expriment l’idée de liberté, de spontanéité et le côté chaleureux de cette musique joyeuse, ensoleillée, qui est faite pour danser. Les couleurs rappellent aussi les origines du jazz, l’Afrique, la terre. L’artiste a peut-être voulu rappeler le conflit entre les Blancs et les Noirs (une tâche de noir à gauche et une de blanc à droite) qui s’est terminé dans le sang. Les tâches se mêlent au centre du tableau comme pour montrer un équilibre, une harmonie, la fin des tensions. Le rouge et le jaune rappellent aussi le soleil couchant, la musique commence quand le jour décline.
On voit un cercle ou un tourbillon qui peut nous faire penser à l’image du vent et du souffle ou de la fumée. On retrouve constamment dans le jazz des instruments à vent. C’est une musique qui reprend les mêmes thèmes sans structure et qui se renouvelle à chaque fois. L’image du tourbillon exprime le mouvement, le dynamisme, l’énergie du jazz. L’artiste a dessiné une sorte de gribouillage comme pour dire que le jazz est une musique d’impro qui part un peu dans tous les sens, qui n’est pas toujours écrite à l’avance. On ne peut pas dire comment elle va se terminer. La forme ronde et la couleur blanche rappelle aussi les champs de coton ou bien l’idée que c’est une musique qui sort des tripes. C’est une musique qui fait rêver, qui provient de l’âme et/ou des substances illicites…
Victoria R.
Vienne Action Culturelle
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